Au cœur des carrières de lumières

Alors que toutes les villes du monde, ou presque, installent leurs lumières de Noël, nous allons vous parler aujourd’hui de lumières dansantes, de lumières chantantes, de lumières envoûtantes et … toujours surprenantes !

Loin de l’agitation des fêtes, c’est dans les carrières de lumières des Baux-de-Provence que nous vous proposons de vous balader, entre histoire d’hommes et Histoire de l’art.

Les carrières des Grands-Fonds

Au XIXe siècle, alors que le pays est en plein développement industriel, on ouvre en Provence de nombreuses carrières pour en extraire la pierre du midi : une belle pierre blanche, une pierre de taille qui en impose et qui servira l’architecture, et la réputation, de toute la région. Il suffit d’admirer le village des Baux-de-Provence et son château pour comprendre l’attrait des hommes du XIXe siècle pour cette roche calcaire, blanche, immaculée.

panorama des Baux-de-Provence
Source photographie : Pixabay

En quelques décennies, les entrailles du village des Baux deviennent une véritable cathédrale souterraine. Mais, en 1935, devant l’arrivée de nouveaux matériaux plus rentables, tels que le béton, les carrières ferment.

Il faudra attendre plus de vingt ans pour voir ces labyrinthes reprendre vie.

Des pics des carriers à l’Histoire de l’art

En 1959, Jean Cocteau découvre les carrières des Baux. Impressionné par le lieu, il décide d’y tourner Le Testament d’Orphée. Dans la cour du café, vous reconnaîtrez peut-être le lieu du tournage, vous marcherez sur les pas du réalisateur ; et, quelques gouttes d’imagination suffiront pour voir apparaître devant vous les divagations poétiques de l’artiste.

Ce renouveau, insufflé par Cocteau, va donner naissance à une idée aussi belle que brillante : faire de ces anciennes carrières de calcaire le théâtre d’un spectacle immersif, comme il n’en existe alors aucun.

Les projections mises en place dans les carrières des Baux-de-Provence vont s’inspirer du scénographe tchèque, Josef Svoboda, dont les spectacles mêlent son, lumière et (toutes) nouvelles technologies, créant ainsi des effets lumineux tri-dimensionnel.

Les premiers « spectacles » dans les carrières sont projetés, à partir de 1976, grâce à un assemblage de diapositives qui permettent de recouvrir les 4000 m² de paroi !

Depuis cette date, les thèmes se sont succédé, les artistes les plus célèbres de notre Histoire ont envahi ce lieu, où, il y a tout juste un siècle, les carriers piquaient encore les murs.

Van Gogh aux carrières de lumières

En cette année 2019, les souterrains des Baux-de-Provence ont accueilli un des peintres les plus connus dans le midi : Van Gogh.

Ayant erré longtemps entre Arles et Saint-Remy-de-Provence, faisant de ses œuvres une ode aux couleurs chatoyantes du sud, Vincent Van Gogh est sûrement l’artiste hollandais le plus sudiste de la peinture !

Déjà invité dans les carrières en 2012, au côté de Paul Gauguin, Van Gogh a envahi l’espace seul cette année. C’est dans un ambiance musicale un peu monotone que nous découvrons l’exposition. Alors que la peinture de Van Gogh semble hurler sa douleur au monde, la musique, en grande partie du classique, nous laisse sombrer dans la dépression du peintre. Parti choisi, ou parti raté, c’est difficile de le dire. Mais nombreux sont les visiteurs qui regrettent que la musique ne s’accorde pas plus avec la peinture plutôt qu’avec la noirceur de l’âme de Van Gogh.

Peu importe la musique, le moment reste intense. Les tournesols, les champs, les paysans, les autoportraits se bousculent, nous sommes tous pris dans un tourbillon de couleurs.

Et puis, plus rien, c’est la fin.

Le Japon au fin fond de la Provence

Une première fin. Après 45 minutes entourés par l’oeuvre de Van Gogh, nous voilà plongés dans un voyage au Japon ! Un Japon rêvé, celui des samouraïs et des geishas. Alors que les visiteurs, en partance, s’arrêtent et reviennent sur leurs pas, un nouveau monde émerge des murs.

La projection ne dure que quinze minutes, mais petits et grands sont captivés : les samouraïs jaillissent des murs, les geishas font coulisser des paravents, des animaux marins traversent l’immense cavité, une vague nous submerge, des lampions s’allument : nous venons de vivre une véritable expérience.

Les carrières de lumières en pratique

Pour accéder à la carrière, nous vous conseillons de réserver en amont sur leur site. Les visiteurs qui rebroussent chemin devant la file d’attente à la billetterie sont nombreux, même hors saison ! Le seul hic : en réservant en ligne, il n’est pas possible de prendre des billets combinés Carrières-Château, ce qui vous fait perdre quelques euros si vous souhaitez visiter les deux.

Les projections « Van Gogh » et « le Japon rêvé » prennent fin le 5 janvier 2020 : il vous reste donc un mois pour les découvrir – c’est clairement une sortie idéale en attendant le père Noël si vous êtes dans le coin !

  • Les Carrières de Lumières sont ouvertes tous les jours. Même le 25 décembre !
  • La fermeture annuelle a lieu du 6 janvier au 6 mars 2020 : le temps de mettre une autre exposition en route.
  • La prochaine exposition aux carrières de lumières sera consacrée à Dali et Gaudi, et débutera 6 mars 2020.
  • Pour vous garer, une seule option : arrivez le plus tôt possible ! Les parkings autour des carrières sont rapidement pris d’assaut, et le tarif des parkings payants vous fendra le cœur, alors prenez de l’avance sur les autres visiteurs 🙂

Pour finir, voici des vidéos des projections en cours, bien plus parlantes que des photographies.

AuthorMitchka

Mitchka, toulousaine expatriée à la mer, grande organisatrice de voyages désorganisés avec enfants et cannes à pêche, partage ses découvertes ici et là, et dans l'Hérault en particulier.

11 replies to Au cœur des carrières de lumières

  1. Je reste un peu dubitative sur cette « exposition », et du coup je n’y suis jamais entrée. Ni, d’ailleurs, lors de la parisienne. Peut-être qu’un jour je me déciderai… en plus, les Baux, la région, sont tellement agréables à parcourir. Bon mois de décembre !

    • J’étais dubitative aussi, mais c’est vraiment étrange de se retrouver « envelopper » par les images. La musique joue également un rôle essentiel, c’est vraiment ce qui rend la visite impressionnante, je trouve. J’espère que vous visiterez le lieu un de ces jours 😉

  2. C’est tout simplement superbe, je ne suis pas du tout dans le coin, mais je me note ça tout de même si j’allais par là ! 🙂

    • C’est aussi une bonne excuse pour aller par là 😉

  3. Tout proche de chez moi, j’aime beaucoup les Baux de Provence. Comme pour les précédentes scénographies, des Carrières des Lumières, un moment magique avec Van Gogh et Hokusai. Le site est magnifique et se prête particulièrement bien à ce genre d’exercice. Prochaine scénographie, sur Dali. Merci pour ces belles photos.

    • La région est superbe oui, et le lieu est imposant, c’est une chance de vivre dans le coin 🙂

  4. Et dire que c’est la seule attraction du coin que je n’ai pas encore faite ! C’est décidé, la prochaine fois que je suis dans les Alpilles, j’y entre ! 🙂

  5. Je suis allée deux fois à l’Atelier des lumières à Paris, pour janvier, là, c’est un peu rapé, mais je note le suivant!

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