Un quartier en ébullition avec une population notamment commerçante de plus en plus importante et en perpétuelle évolution qui n’a que Saint-Germain-l’Auxerrois comme église à proximité. Les Halles, ce jeune quartier, âgé aujourd’hui de 800 ans, situé à l’époque sur le chemin qui relie l’Île de la Cité à la colline (Montmartre) a besoin d’un lieu de culte qui lui est propre.
D’Agnès à Placidas
Une modeste chapelle à l’origine d’une paroisse royale classée monument historique en 1862.
En 1213, bien avant l’arrivée des premiers pavillons Baltard, se dresse une chapelle en hommage à la jeune martyre romaine Sainte Agnès ; ce qui permettra de désengorger Saint-Germain-l’Auxerrois. Une dizaine d’années plus tard la chapelle abritera les reliques d’un autre martyr et portera son nom, Saint-Eustache.
Avant d’être le saint que l’on connait, Eustache était un général de l’armée romaine. Lors d’une partie de chasse il aperçoit un cerf qui se dresse devant lui, une croix lumineuse ornant ses bois. Quand soudain une voix divine lui tint à peu près ce langage « Je suis Jésus que tu honores sans le savoir ». Sans perdre un instant Placidas et sa famille se convertissent au christianisme. Exilé, puis de retour dans l’armée romaine, Rome lui demande d’abjurer la religion du Christ ce qu’il refuse. Lui et sa famille seront condamnés à mort par Adrien et ébouillanté dans un taureau d’airain chauffé à blanc. La légende est née.
Une architecture multiple, un style unique
A travers les siècles les travaux se sont succédé. Saint-Eustache n’a cessé d’évoluer, mais a également subi de terribles dégâts.
C’est sous le règne de François 1er que fut posée la première pierre de l’église actuelle, le 19 août 1532. Une construction qui a duré plus d’un siècle et qui la classera au rang de paroisse royale. Saint-Eustache est une véritable œuvre d’art, une merveille d’architecture. Colbert, ministre de Louis XIV, commande deux chapelles qu’il fait installer sous les tours. Après la Révolution, Saint-Eustache fermera ses portes et deviendra le temple de l’Agriculture.
Au XIXème siècle, Victor Baltard (le même Victor des Pavillons Baltard) va entreprendre une restauration complète de l’édifice. Il dessinera entre autres la Chaire, le buffet d’orgue et le maître autel. Il sera chargé de superviser la réfection des peintures.
La particularité de cet édifice est cette mixité entre style gothique flamboyant et renaissance qui fut l’objet de nombreuses critiques. Le résultat de cette belle harmonie a donné un style unique. Ses dimensions de 88 mètres de long, 42 mètres de large, 33 mètres de haut font d’elle l’une des plus vastes églises parisiennes. 88 mètres de long, 42 mètres de large, 33 mètres de haut. Les travaux d’une partie de la façade fragilisée par les chapelles de Colbert sont pourtant restés à ce jour inachevés. L’extérieur nous offre son cadran solaire et sa méridienne.
Les illustres de Saint Eustache
Ils furent nombreux à venir se faire baptiser, faire leur première communion, se marier ou encore y reposer en paix.
En 1649, le jeune Louis XIV fait sa première communion. Mme de Pompadour, Richelieu et Molière y ont été baptisés. En 1778 ont lieu les funérailles de la mère de Mozart. Colbert y a sa sépulture. Scaramouche y fut également inhumé, peut-être se trouve t’il dans l’ossuaire toujours existant de Saint-Eustache ?
Hier le ventre de Paris, aujourd’hui le cœur de Paris
Une visite de cette église est indispensable lors d’une promenade dans le quartier des Halles, auquel elle est liée. Un quartier qui a 800 ans aujourd’hui, toujours aussi animé jusque tard dans la nuit. Un quartier historique, touristique et créatif qui tente tant bien que mal de préserver son âme.
L’église Saint-Eustache traverse les époques avec dynamisme s’adaptant aux multiples changements de son quartier qui vit à 100 à l’heure.
Saint-Eustache est une église qui tient à sa tradition musicale, elle organise de nombreux concerts, et accueille des artistes de tous horizons, comme Voulzy en 2012. Chaque année avec le Festival 36, Saint Eustache participe à la fête de la musique. Sur une idée du curé, depuis 13 ans, folk, rock, électro et musique sacrée sont joués durant 36 heures, riffs et samples fraternisent avec les chœurs et l’orgue de l’église.
Je suis Sabrina, Parisenne de cœur, auteure du blog «Tu PARIS combien » dans lequel j’aime vous parler de ce que Paris nous offre au quotidien. Son histoire, son avenir, ses adresses. Là où la moindre porte, le moindre détail nous dévoilent des histoires fabuleuses, nous fait découvrir de grands personnages (célèbres ou anonymes). Relevant de l’authentique comme de l’insolite, de l’étrange ou du classique, Paris ne cesse de nous surprendre. A la fois belle et laide, sage et folle, monumentale et secrète.
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Comme le dit Ernest, « Paris est une fête ». Alors venez, vous êtes tous invités