Henri IV, roi de France et de Navarre, aussi détesté qu’adulé, est certainement le souverain le plus intimement lié à Paris. Paris qu’il aimait comme sa fille aînée. Paris qui aux yeux du huguenot valait bien une messe. Paris pour laquelle il avait de grands projets, Paris qu’il a rebâtie et embellie.
Paris est par conséquent imprégnée du souvenir du « Vert Galant » ; s’y promener c’est bien souvent marcher sur les traces de ce roi sans même s’en apercevoir.
« Menez-moi à la Croix-du-Trahoir, on verra après ».
Voilà les mots prononcés par Henri IV avant de succomber aux coups mortels donnés par Ravaillac.
La Croix du Trahoir est l’une des fontaines (construite à l’origine par François 1er) faisant partie du projet de rénovation du système d’approvisionnement en eau de la capitale, elle est située au croisement des rues Saint-Honoré et de l’Arbre-Sec dans le 1er arrondissement. A l’origine haut lieu d’exécutions capitales et de supplices, elle était implantée au milieu des étalages des marchands des Halles. Aujourd’hui elle repose sur un bâtiment construit en 1776 par Soufflot au cœur des commerces et restaurants. C’est par la pompe de la Samaritaine située sur le Pont-Neuf qu’elle était alimentée.
Un pont dépourvu de maisons
En nous dirigeant vers les quais, nous accédons à ce Pont-Neuf qui malgré son nom est le plus ancien pont (non habité) de Paris.
C’est Henri III qui y posa la première pierre, Henri IV, en achevant les travaux, innove, et crée un pont promenade, offrant ainsi un nouveau concept aux Parisiens qui en l’empruntant gratuitement jouissaient d’un panorama unique. Le Pont-Neuf dont la statue d’Henri trône avec panache est aujourd’hui l’un des plus fréquentés par les touristes. La présence du roi y est très forte. Sous sa statue se trouve l’emplacement du bûcher où eu lieu l’exécution de Jacques de Molay, dernier maître de l’ordre des Templiers qui depuis son brasier lança sa malédiction contre les rois de France en s’adressant à Philippe le Bel et au pape Clément V.
Aujourd’hui quelques marches plus bas nous avons accès au plus romantique des jardins, le Square du Vert-Galant, résultat de la réunion de plusieurs îlots.
« Je suis l’Dauphin de la place Dauphine… »
En remontant au niveau du pont, il suffit de traverser la route pour rejoindre la place Dauphine. De forme triangulaire, cette place quasi close procure un havre de paix aux Parisiens et touristes qui profitent de ses restaurants. Elle fut nommée ainsi par le roi en l’honneur de son fils le Dauphin, futur Louis XIII. Cette place est le barycentre de la surface de Paris.
On reste à la porte
C’est à Notre-Dame que fut célébré le mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois. Mariage orchestré dans le but de réconcilier catholiques et protestants. En bon protestant qui se respecte, Henri n’entrera pas dans la maison du pape, il participera à « sa » cérémonie depuis le parvis. C’est par ailleurs sur ce même parvis que se trouve le point zéro des routes de France. Aujourd’hui il fait bon flâner si possible tôt le matin autour de la cathédrale, le long des quais et poursuivre dans le quartier de Saint-Michel.
Le tocsin qui sonne la mort de milliers de Huguenots
Le 24 août 1572 au lendemain du mariage d’Henri IV et de Marguerite de Valois (la reine Margot) le tocsin de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, alors paroisse royale, sera le coup d’envoi du massacre de la Saint-Barthélemy. Elle se trouve face au Louvre côté Colonnade de Perrault. Une très belle église, agréable à visiter.
Une fenêtre symbolique
Non loin de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois après avoir traversé la rue de Rivoli, nous retrouvons Gaspard de Coligny, amiral, chef du parti protestant et maître d’armes du futur Henri IV. L’amiral est la première victime du massacre de la Saint-Barthélemy. Blessé à la suite d’un attentat raté il est massacré dans son lit. Poignardé, défenestré, éviscéré puis émasculé. Son supplice sera à l’image de l’extrême violence qui a ravagé la capitale. Son cadavre finira au gibet de Montfaucon. Près de son domicile où il fut massacré, est visible le monument lui rendant hommage. L’encadrement n’est pas sans rappeler sa défenestration. Nous sommes toujours rue de Rivoli, une des artères parisiennes, et plus exactement, au chevet du Temple protestant de l’Oratoire du Louvre.
Le Grand Dessein
Relier le Palais du Louvre à celui des Tuileries. A l’origine un souhait de Catherine de Médicis. Le Béarnais devenu roi de France prend à cœur ce projet de grande ampleur. Il œuvre pour donner un nouveau visage au château du Louvre. Les travaux seront finalisés deux siècles plus tard par Napoléon III. L’intérieur du musée a également conservé les traces d’Henri IV. Comme la salle des Cariatides où à la mort du roi, son effigie de cire est exposée. La cour carrée a conservé ses chiffres royaux « HDB » qui signifient Henri de Bourbon.
Une place royale (la plus ancienne place de Paris)
La place des Vosges dans le Marais est somptueuse, sans être prétentieuse, avec ses jardins, son square et jeux pour enfants. Ses galeries d’art et ses boutiques/restaurants. Ses arcades et ses façades. Henri IV voulait créer le lieu de flânerie par excellence. Ici se trouve la maison de Victor Hugo, devenue un musée. Nommée à l’origine place royale jusqu’en 1800, elle deviendra la Place des Vosges en l’honneur du premier département à s’être acquitté de l’impôt sous la Révolution, les Vosges. Le quartier du Marais doit beaucoup à Henri IV qui en fera un quartier prisé de la bourgeoisie et de la noblesse. Aujourd’hui cette ancienne zone de marécages est un des lieux les plus fréquentés de la capitale. Où se côtoient les communautés chinoises, juives, gay et une tripotée de touristes.
Au cœur couronné percé d’une flèche
Le 14 mai 1610, le carrosse du roi s’engage dans la rue de la Ferronnerie où il sera ralenti puis stoppé par les embouteillages. Ravaillac en profite pour lui planter les coups de couteau qui lui seront fatals. La rue de la Ferronnerie se trouve dans le quartier très animé des Halles. Le ventre de Paris de Zola, aujourd’hui ce quartier porte fièrement le surnom de cœur de Paris. Situé dans le 1er arrondissement il permet de profiter d’un Paris historique et branché. Historique avec la place des Innocents, l’église Saint-Eustache, la colonne d’astronomie, mais également la tour Jean-sans-Peur… Branché avec le forum des Halles, le centre Pompidou (Beaubourg) ainsi que les différents bars et bistrots que l’on trouve à chaque coin de rue.
Bien d’autres monuments et rues nous rappellent la présence du bon roi Henri dans la capitale. Il suffit parfois de lever le nez, de lire un panneau sur un pont ou devant une porte. Et ne l’oublions pas, Paris vaut bien une messe.
Je suis Sabrina, Parisenne de cœur, auteure du blog «Tu PARIS combien » dans lequel j’aime vous parler de ce que Paris nous offre au quotidien. Son histoire, son avenir, ses adresses. Là où la moindre porte, le moindre détail nous dévoilent des histoires fabuleuses, nous fait découvrir de grands personnages (célèbres ou anonymes). Relevant de l’authentique comme de l’insolite, de l’étrange ou du classique, Paris ne cesse de nous surprendre. A la fois belle et laide, sage et folle, monumentale et secrète.
Ma passion pour cette ville que je découvre chaque jour, je la partage ici avec vous.
Comme le dit Ernest, « Paris est une fête ». Alors venez, vous êtes tous invités
Ah ! La magnifique place des Vosges! J’en apprends des choses sur le Pont neuf dis donc !
Un quartier historique bourré d’anecdotes.
Merci pour cette belle balade ! J’aime ces quartiers du centre de Paris où on sent toute cette histoire vraiment fascinante et aujourd’hui un peu oubliée. Et puis on garde toujours une image sympa du bon roi Henri, avec sa poule au pot, tout ça tout ça…
Et de ses gousses d’ail. Parait qu’il en mangeait à longueur de journée. Vendait pas du rêve avec ça.