10 visites chargées d’histoire en Martinique

Lorsque l’on songe à la Martinique, les premières images qui viennent à l’esprit sont souvent des photos de plages, et de cocotiers. Le sud de l’île concentre la majorité des visiteurs attirée par cette vision idyllique qui est une réalité, mais est aussi assez restrictive.

Dans cet article, nous souhaitons vous donner quelques idées de visites plus culturelles qui permettent de s’imprégner de l’histoire de cette île des Antilles si attachante :

  • des musées pour comprendre l’histoire de la Martinique (le musée d’histoire et d’ethnographie, la savane des esclaves, le musée de la canne),
  • des exploitations agricoles (les habitations Céron et Clément),
  • des sites érigés suite à une catastrophe (celui de la catastrophe de 1902, et celui du naufrage dans l’anse Cafard),
  • des évocations de personnages martiniquais célèbres (Aimé Césaire, l’impératrice Joséphine),
  • un magnifique bâtiment (la bibliothèque Schoelcher).

Bien évidemment cette liste n’est pas exhaustive et la Martinique a beaucoup à offrir.

L’Habitation Céron

Une Habitation en Martinique est une exploitation agricole anciennement dirigée par les colons. Elle comprend les plantations, les bâtiments agricoles et également les logements des exploitants et des ouvriers agricoles (des esclaves jusqu’à l’abolition de l’esclavage en1848).

L’Habitation Céron a été fondée à la fin du XIIème siècle sur la commune de Le Prêcheur au nord de l’île. D’abord sucrière, puis distillerie, exploitation cacaoyère et ensuite caféière, elle s’est reconvertie dans les années 1990 dans l’aquaculture puis l’agrotourisme. Des bâtiments et des ruines témoignent de ces différentes activités.

Mais on visite surtout ce domaine pour son parc labellisé « Jardin Remarquable » dans lequel on peut admirer des fleurs tropicales, des baobabs, des fromagers et surtout la star du jardin, un Zamana géant (arbre à pluie) de plus de 350 ans. Le Zamana servait autrefois à abriter les plantations de caféiers et de cacaoyers. Celui de l’habitation Céron étend ses branches sur près d’un hectare.

La visite ressemble à une belle balade dans une jungle luxuriante. Au retour, un bar, un restau permettent de faire un pause sympathique.

Habitation Céron

Mémorial de la catastrophe de 1902 de Saint-Pierre

Le 8 mai 1902, une éruption volcanique de la Montagne Pelée a emportée près de 28 000 vies. Saint-Pierre était alors une cité riche et prospère, la plus importante ville de Martinique. On la surnommait le petit Paris.

Le mémorial de la catastrophe est aussi appelé musée Franck A. Perret, du nom du vulcanologue venu étudier la montagne Pelée en 1929. Il qui a permis le retour à Saint-Pierre des habitants et a créé le premier musée inauguré en 1933.

Dans ce bâtiment, on retrouve des photographies de Saint-Pierre du temps de sa splendeur, puis après le drame, des objets du quotidien fondus par la chaleur. Les témoignages permettent de réaliser l’ampleur de la catastrophe.

La visite se fait avec un audio-guide et est très instructive autant sur la vie au XIXème siècle en Martinique, que sur la catastrophe et ses conséquences.

Mémorial de la catastrophe de 1902 à Saint Pierre

Le musée d’histoire et d’ethnographie de Fort-de-France

Ancienne résidence militaire, ce bâtiment construit en 1887, a échappé à l’incendie de 1890 qui a ravagé Fort-de-France.

Depuis 1990, il accueille le musée d’histoire et d’ethnographie de la ville.

Au premier étage, on découvre l’histoire de la Martinique à travers des panneaux explicatifs, des objets créoles du quotidien, des costumes traditionnels et des reconstitutions d’intérieurs bourgeois du XIXème siècle.

Le rez-de-chaussée est consacré à des expositions temporaires : actuellement est retracé le parcours des grands musiciens classiques noirs dans le monde.

L’accueil dans ce musée est excellent et la visite est très plaisante.

Musée d’Histoire et d’Ethnographie à Fort de France

Le bureau d’Aimé Césaire

Homme politique engagé, maire de Fort-de-France de 1945 à 2001, mais aussi poète et intellectuel, Aimé Césaire a fait rayonner la Martinique dans le monde entier.

L’ancienne mairie de Fort-de-France est devenue le Théâtre Aimé Césaire, mais a conservé intact le bureau de ce maire d’exception. C’est devenu un espace muséal qui retrace le parcours littéraire et politique d’Aimé Césaire. Il a reçu le label « Maison des Illustres ».

On y accède seulement en visite guidée à la demande pour y découvrir un bureau intime dans lequel ont été conservés le mobilier, des photos, des lettres, des tableaux et toutes sortes de cadeaux reçus pendant ses mandats.

Grâce à la guide, la visite est passionnante alors qu’on reste juste dans un bureau. Elle retrace l’histoire de la Martinique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, et permet de mieux connaître ce grand humaniste, poète de la négritude, qui a tant fait pour son île.

Théâtre Aimé Césaire à Fort de France

La bibliothèque Schœlcher

De style égypto-byzantin, avec une pointe d’Art nouveau, le bâtiment a été conçu à Paris par l’architecte Pierre-Henry Picq et présenté à l’Exposition universelle de Paris de 1889. Il a ensuite été entièrement démonté, puis expédié pièce par pièce pour être remonté à Fort de France.

La bibliothèque a ouvert ses portes en 1893. Elle a pris le nom de bibliothèque Schœlcher, du nom de Victor Schœlcher, homme politique soucieux de l’instruction des Martiniquais, qui a légué près de 10 000 ouvrages de sa bibliothèque personnelle.

On y entre librement et gratuitement. La première salle, le hall d’exposition, est particulièrement impressionnante.

Attention, ce n’est pas un musée donc les horaires d’ouverture sont ceux de la bibliothèque.

Bibliothèque Schoelcher à Fort de France

L’Habitation Clément

Du nom de la famille Clément qui y a vécu de 1887 à 1886, ce site historique a été labellisé « Maison des illustres » en 2011 car il rend hommage à son fondateur, Homère Clément, qui fait partie de la première génération d’hommes de couleur à avoir accédé au pouvoir économique et politique.

L’Habitation Clément est un grand domaine agricole qui réunit au cœur d’une plantation de cannes à sucre :

  • la plus ancienne maison créole traditionnelle de la région : classée au titre des monuments historiques depuis 1996, la maison, qui date de la fin du XVIIème siècle, la maison de maître est un exemple du style architectural colonial construit en Martinique.
  • un parc labellisé « jardin remarquable »: des œuvres d’art contemporain sont exposées dans le jardin et magnifient les lieux déjà exceptionnels.
  • un centre d’interprétation du rhum, installé dans l’ancienne distillerie de l’habitation.

L’Habitation Clément se trouve dans la vile de Le François sur la côte Atlantique de l’île.

Habitation Clément au François

Le mémorial de l’anse Cafard

A l’occasion du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, en 1998, le sculpteur martiniquais Laurent Valère a créé cette œuvre : une quinzaine de bustes monumentaux en béton blanc implantés face à la mer.

La couleur blanche est la couleur du deuil aux Antilles.

Il s’agit de commémorer le naufrage d’un bateau négrier qui a coulé dans la baie 8 avril 1830. Plus de 200 africains y ont perdu la vie. Les statues sont orientées vers le cap 110, la direction du golfe de Guinée, probable provenance du navire.

Cette œuvre est poignante. Elle se trouve sur la route entre Trois Rivières et Le Diamant au sud de l’île.

L’entrée sur le site, ouvert au bord de la route, est gratuite et les panneaux explicatifs permettent d’en apprendre un peu plus sur ce naufrage.

Mémorial de l’Anse Cafard – Cap110

La Savane aux esclaves

Gilbert Larose a construit seul ce lieu de mémoire sur l’histoire de la Martinique : les racines amérindiennes, l’héritage de l’esclavage et les traditions agricoles.

L’histoire débute par les premiers habitants connus, les indiens Arawaks, chassés ensuite par les indiens caraïbes. La Martinique est découverte par Christophe Colomb en 1502 qui y fait une escale. Au XVIIème siècle débute la colonisation  et l’exploitation des richesses agricoles.  La traite négrière sera une réponse à la recherche de main d’oeuvre dans les domaines agricoles jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1848.

Vingt ans de recherche et de construction lui ont permis de créer ce site.

Un film nous conte l’histoire de l’île et les motivations de Gilbert Larose pour créer le site. Ensuite, on se déplace de case en case au milieu d’un jardin créole et d’un jardin médicinal. Des cases mettent en scène le quotidien des esclaves, et des panneaux explicatifs permettent de mieux comprendre ce passé.

La savane aux esclaves est située aux Trois-Ilets. Sa visite est très instructive et extrêmement émouvante.

La Savane des Esclaves aux Trois-Ilets

La maison de la canne

Dans une ancienne distillerie, la maison de la canne relate presque quatre siècles d’histoire de la culture de la canne à sucre. Cette culture a façonné les paysages de la Martinique et le quotidien des habitants.

Sur deux étages, le musée évoque l’histoire de la plante mais aussi celle des hommes, l’organisation des plantations, la souffrance des esclaves. Des photos, des textes, des objets montrent le passé des exploitations, le quotidien des travailleurs et le mode de vie des propriétaires. On y découvre aussi de nombreuses machines qui retracent l’industrialisation de la filière.

Dans un bâtiment annexe, une exposition permet de mieux connaître les rhums de Martinique.

Il n’y a pas de dégustation (on s’habitue vite à boire du ti’punch partout en Martinique !), mais ce musée permet de bien comprendre l’importance de la canne à sucre dans la construction de la Martinique.

Maison de la Canne aux Trois-Ilets

Le musée de la Pagerie

L’Impératrice Joséphine, est née en Martinique dans ce domaine près des Trois-Ilets en 1763. Elle quittera l’île pour se marier en métropole à l’âge de 16 ans. Elle s’appelait Marie-Joseph-Rose Tasher de la Pagerie, puis deviendra plus tard Joséphine de Beauharnais et épousera en seconde noce Napoléon.

La maison de l’ancienne sucrerie, transformée en musée, retrace les souvenirs d’enfance et la vie de Joséphine. Au delà de la vie dorée de l’impératrice, on y commémore également la période de l’esclavage.

La visite est captivante, et le jardin enchanteur.

Musée de la Pagerie

Et si vous vous rendez en Martinique, n’oubliez pas non plus de visiter le jardin de Balata dont nous vous avons parlé dans un précédent article.

Jardin de Balata

AuthorSylvie

Sylvie, voyageuse compulsive, a crée son blog Le coin des voyageurs après un tour du monde en famille puis le rendez-vous mensuel #EnFranceAussi pour (re)découvrir son pays. Aime autant les courtes escapades que les longs voyages où on peut prendre son temps. Est inspectrice des travaux finis du webzine^^(boss, quoi...).

2 replies to 10 visites chargées d’histoire en Martinique

  1. Superbe balade en Martinique ! Merci pour ces suggestions de visites qui permettent de s’instruire sur l’histoire de l’île

  2. La Martinique… quelle île magnifique et riche ! Merci pour cet article qui m’aidera pour mon prochain voyage !

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