Les passages couverts parisiens

A Paris, les monuments à visiter ne sont pas toujours visibles de loin … Certains sont même cachés entre deux immeubles, à l’image des passages et galeries, véritables chefs-d’œuvre architecturaux, lieux de flânerie mais aussi de shopping et aussi témoins de l’Histoire de la ville.

Les passages couverts parisiens : présentation et histoire

C’est entre la fin du 18ème siècle et le milieu du 19ème siècle que les passages couverts, au nombre de 150 à l’époque, sont à leur apogée. Tombés en désuétude à l’ouverture des grands magasins, seule une vingtaine d’entre eux est parvenue jusqu’à nous. Ils sont protégés sous le statut des Monuments historiques ou au plan local d’urbanisme.

En 2002, la mairie de Paris consciente de leur « fragilité » et du risque de les voir totalement disparaître, a lancé un projet de mise en valeur en apportant une aide à leurs propriétaires. Parce que, ne l’oublions pas, les passages couverts, bien que la plupart ouverts au public, sont des voies privées. Leur création est le résultat d’opérations immobilières post-Révolution. En effet les terrains confisqués à la noblesse et au clergé sont transformés par leurs nouveaux propriétaires. On perce les immeubles, on construit des galeries, des accès qui permettent des raccourcis que l’on agrémentera de jolies boutiques, de restaurants, de galeries d’art. Le succès est au rendez-vous avec une clientèle friande de ces lieux de flânerie à l’abri des intempéries, chauffés et éclairés au gaz. Le tout Paris s’y retrouve et savoure ces moments passés dans ce qui est l’ancêtre des galeries commerciales.

Il est dit que le statut n’est pas le même selon si le lieu est un passage (couvert) ou une galerie. Les puristes mettent un point d’honneur à relever la différence alors que tous deux sont conçus avec une physionomie et des fonctions similaires : sol, verrière, structure, nichés entre les immeubles, occupés par des boutiques. Mais quelle est justement cette différence ? Tout simplement un sentiment.

Un sentiment de supériorité. Ses dimensions sont plus larges et ses matériaux plus luxueux, plus chic ? Le passage aura alors le statut de galerie. Ainsi, nous ne pénétrons pas dans le passage Vivienne mais dans la galerie Vivienne. Ou encore dans la galerie Vero-Dodat. Passages ou galeries, ils ont en commun leur activité et leur localisation. Ils sont tous situés sur la rive droite de la Seine.

Il n’est évidemment pas possible de mentionner l’intégralité des passages couverts dans un seul article. Nous vous proposons donc une petite sélection. Suivons l’escargot des arrondissements et partons à leur découverte.

La galerie Vero-Dodat

Dans le 1er arrondissement. Entrées : 19 rue Jean-Jacques Rousseau / 2 rue du Bouloi

Charme intemporel, typique des passages couverts parisiens, la galerie Vero-Dodat située à deux pas du Louvre séduit dès le premier regard. Ses cuivres, son marbre et son style néoclassique y sont pour beaucoup. Alors que les fashionistas ne jurent que par la boutique Louboutin, les nostalgiques et les amateurs de belles choses sont émerveillés par l’architecture et les matériaux qui constituent cette galerie. L’illusion de profondeur fut habilement travaillée avec ce sol en marbre et ses losanges noirs et blancs. Difficile d’imaginer qu’ici se trouvait un hôtel particulier que le charcutier Benoît Véro acheta en 1823. Il décide avec son associé Dodat de percer l’édifice afin de réaliser la galerie que l’on connaît aujourd’hui. C’est ainsi que la galerie Vero-Dodat voit le jour en 1826. A proximité se trouvaient les Messageries Laffite et Caillard et les terminus de toutes les diligences de France. En attendant leurs départs, les voyageurs en profitaient pour faire leur shopping dans la galerie, ce qui a grandement contribué à son succès. Y flâner est très agréable, on ne se lasse pas d’admirer ses boutiques, antiquaires, galeries d’art…

Dans le 2ème arrondissement se trouve une autre galerie tout aussi majestueuse.

La galerie Vivienne

Entrées : 4 rue des Petits Champs / 5-7 rue de La Banque / 6 rue Vivienne

Boutiques élégantes, bistrots chic et un adorable magasin de jouets font le succès de cette galerie. Inscrite aux monuments historiques en 1974.  La galerie Vivienne fut construite en 1823, selon les plans de l’architecte François-Jean Delannoy. Proche du jardin du Palais Royal, et de la place de la Bourse, elle est également connue pour abriter l’ancien appartement du célèbre bagnard Vidocq. Cet ancien escroc échappait avec facilité à la police en passant par les toits de la galerie. Entrez dans la célèbre librairie Jousseaume fondée en 1826. Ici ça sent bon le vieux papier et le bois qui craque. La librairie propose des ouvrages des 19ème et 20ème siècles.

Quittons la somptueuse galerie Vivienne, mais restons dans le 2ème arrondissement. Après avoir traversé la place de la Bourse, un autre passage s’offre aux promeneurs.

Le passage des Panoramas

Entrées : 11-13 boulevard Montmartre / 38 rue Vivienne / 151 rue Montmartre

Il doit son nom aux deux tours construites en 1799 qui le bordaient de chaque côté, au niveau du boulevard Montmartre, Les Panoramas. Cette attraction de peintures panoramiques et le théâtre des Variétés à proximité ont grandement contribué au succès de ce premier passage couvert parisien qui accueille le premier éclairage public au gaz. Il est le repère des philatélistes.

Ce passage a la particularité d’être prolongé par des petites galeries : la galeries des Variétés, la galerie Saint-Marc, la galerie Feydeau et la galerie Montmartre. Elles étaient supposées faire concurrence aux galeries Vivienne et Véro-Dodat. Le passage des Panoramas est très animé à l’heure du déjeuner, il abrite tout un tas de petits restos et surtout de nombreux collectionneurs de cartes postales, timbres et pièces de monnaies.

A noter, le Caffè Stern situé au n°47 occupe l’ancien siège du graveur Stern. C’est aujourd’hui un restaurant gastronomique italien dont le gérant est Massimiliano Alajmo. L’activité a peut être changé mais pas le cadre, resté dans son jus depuis 1834. Il fait partie des plus anciens locaux commerciaux de France.

En prenant la sortie côté boulevard Montmartre, nous faisons face au passage Jouffroy qui nous mène vers le 9ème arrondissement.

Le passage Jouffroy

Entrées : 10-12 boulevard Montmartre / 9 rue de la Grange Batelière

Intimement lié au musée Grévin, il accueille le visiteur dans une ambiance raffinée et néanmoins décontractée. Ses boutiques ont préservé tout le charme d’antan à l’abri du vacarme des Grands Boulevards. Édifié en 1845, il porte le nom de Félix de Jouffroy-Gonsans, alors propriétaire des terrains (basés sur une ancienne voie moyenâgeuse) sur lesquels le passage sera construit. C’est ici que se trouvaient les jardins de l’hôtel du marquis d’Aguado. L’hôtel du marquis est aujourd’hui occupé par la Mairie du 9ème. Ce passage de fer et de verre est le premier à bénéficier de ces matériaux qui ont marqué l’évolution technologique de son siècle. Son chauffage par le sol est également une grande première. Le musée Grévin dont la sortie se trouve dans le passage Jouffroy a grandement contribué à sa notoriété. Mais allez-y aussi et surtout pour boire un thé dans le charmant salon de thé le Valentin, leurs pâtisseries sont à tomber, craquez pour une somptueuse déco à la Maison du Roy (ambiance grand siècle garantie). La pépite de ce passage est le fameux Hôtel Chopin.

En quittant le passage Jouffroy côté rue de la Grange-Batelière vous vous dirigez vers le deuxième passage du 9ème.

Le passage Verdeau

Entrées : 6 rue de la Grange-Batelière / 31 rue du Faubourg-Montmartre

Il est à tort moins fréquenté, un peu à l’écart dans l’ombre de son illustre voisin. C’est bien dommage. Il est de par sa proximité avec l’hôtel des ventes Drouot le repère des amateurs d’art. Sa verrière monumentale en arêtes de poisson en fait un passage lumineux et chaleureux. Un passage qui  porte lui aussi le nom de son créateur, Jean-Baptiste-Ossian Verdeau qui était actionnaire de la société Jouffroy. Ouvert en 1846, Verdeau bénéficie comme Jouffroy des nouveaux matériaux industriels utilisés en son temps : charpente métallique et toiture vitrée. Ses boutiques attirent les amoureux d’antiquité et de beaux livres d’occasion. Les Parisiens viennent se réfugier autour d’un verre au Bistro ou prendre le thé entouré d’œuvres d’art chez Honoré des Arts une adresse hybride dont l’activité principale est l’achat et l’expertise d’œuvres d’art où il est accessoirement possible de se poser pour déguster un thé et une pâtisserie. Ici tout est apaisement, calme et tranquillité.

Cette première partie des passages couverts prend fin. On se retrouve avec d’autres joyaux très bientôt.

AuthorSabrina

Je suis Sabrina, Parisenne de cœur, auteure du blog  «Tu PARIS combien » dans lequel j’aime vous parler de ce que Paris nous offre au quotidien. Son histoire, son avenir, ses adresses. Là où la moindre porte, le moindre détail nous dévoilent des histoires fabuleuses, nous fait découvrir de grands personnages (célèbres ou anonymes). Relevant de l’authentique comme de l’insolite, de l’étrange ou du classique, Paris ne cesse de nous surprendre.  A la fois belle et laide, sage et folle, monumentale et secrète. Ma passion pour cette ville que je découvre chaque jour, je la partage ici avec vous. Comme le dit Ernest, « Paris est une fête ». Alors venez, vous êtes tous invités

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