Mulhouse, l’Alsace au-delà des clichés

Quand on pense à l’Alsace, on image de majestueuses cigognes perchées au sommet d’un massif clocher d’église. On visualise des maisons colorées, à colombages, devant lesquels se trouvent des tonneaux de vins fleuris et des enseignes se balançant délicatement grâce à un vent printanier.

L’Alsace est une région photogénique et les cartes postales ne cessent de vanter un patrimoine bucolique, paysan, fleuri. Certains quartiers des grandes villes (Strasbourg et Colmar) entretiennent également cet imaginaire visuel.

Avec de telles idées, Mulhouse ne peut que décevoir. Il y a bien de magnifiques volets bleus ornés de fleurs à côté de la librairie jeunesse et les cigognes préfèrent le toit de l’Hôtel de Ville. Mais Mulhouse défie surtout les cartes postales en se créant sa propre atmosphère et ses propres couleurs.

Des murs colorés et illustrés

Bien sûr les maisons sont colorées comme dans toute l’Alsace. Dans certaines rues, strictement d’habitation, les immeubles ne se distinguent les uns des autres que par la couleur pastel qui orne ses murs.

Toutefois la spécificité de Mulhouse réside dans ses murs peints, dans le sens décorés. Ainsi l’ancien Hôtel de Ville a été peint pour la première fois en 1552 ! Certains murs ont été peints et repeints, d’autres ont été oubliés, mais surtout, dans les années 1980, tous ceux encore visibles et connus ont bénéficié d’un programme de lifting et de mise en lumière. De nouvelles fresques ont été créées pour l’occasion avant un nouveau temps de pause et d’oubli. Depuis les années 2000, les murs, mais également les sols et le matériel urbain, sont de nouveau entre les mains d’artistes, grâce entre autres à Orlinda Lavergne et sa galerie d’art.

Il est donc facile de se promener entre passé et présent, de croiser un vieux camion de pompier près à sortir de sa caserne ou d’admirer un laboratoire de chimie hésitant entre une représentation du XIXe siècle et une illustration fantasmagorique.

La réalité mulhousienne est en tout cas toujours présente dans ces peintures, comme c’est le cas sur l’œuvre de l’artiste chilien INTI. Si tout semble évoquer l’univers coloré de l’artiste, les détails, eux, renvoient à la grande époque des manufactures de textiles installées dans toute la ville.

Côté présent, c’est le M.U.R. rue de la Moselle qui sert de laboratoire artistique car il accueille chaque mois un artiste différent. Les styles sont très différents et l’actualité ou un certain engagement politique sont de plus en plus visibles.

Deux liens pour en voir plus : un guide sur les murs peints historiques et leur histoire, un article présentant plusieurs fresques sur le M.U.R.

La façade de l’hôtel de ville, entre peintures et décorations de Noël
L’une des nombreuses mises en couleur du M.U.R.

Les montagnes plutôt que les vignes

Mulhouse possède son propre vignoble. Une phrase à lire dans son sens premier : la municipalité est propriétaire d’un vignoble et ce sont des agents municipaux (avec l’aide des scolaires) qui effectuent les vendanges.

Ce vignoble est dans le quartier du Rebberg que l’on pourrait appeler le quartier chic de Mulhouse. Les demeures y sont immenses et les architectes ont souvent rivalisé d’imagination. C’est surtout un quartier qui permet de prendre la hauteur. À son sommet (en tant que piéton, aucun autre mot ne correspond mieux) se trouvent le zoo, une forêt, une antenne de télévision et un belvédère. En haut du belvédère, des bancs attendent ceux qui veulent retrouver leur souffle.

On se rend alors bien compte en admirant la vue que la ville est cernée par les montagnes. Oubliée la plaine d’Alsace nourricière. Le paysage est une invitation à la randonnée ou au ski selon la saison. Dans les faits, il n’est pas nécessaire de perdre son souffle pour s’en rendre compte. Régulièrement certaines rues, à la faveur d’une trouée dans les immeubles s’ouvrent sur les montagnes. On oublie juste plus vite de chercher l’horizon quand on est en plein centre ville.

Pour finir brièvement sur la question des boissons, à Mulhouse (comme à Saverne tout au nord), peut-être en raison de ses habitants ouvriers ou simplement grâce à la grande mixité culturelle, on préfère la simplicité d’une bière à un verre de vin, grâce à la présence de plusieurs brasseries.

La vue sur Mulhouse, en automne, depuis le belvédère

Mulhouse : l’univers industriel à la place des petits artisans

Chaque village alsacien propose de découvrir un artisan ou une entreprise familiale : poterie, pain d’épice, tissage du kelsch, savonnerie, il y a de tout.

Mulhouse est une ville industrielle qui l’assume avec une certaine classe qui frise l’impolitesse. Les usines à l’abandon deviennent des lieux investis par les nouvelles générations pleines d’idées. Ainsi les anciens bâtiments de l’usine DMC abrite entre autre le plus haut mur d’escalade de France ainsi qu’un bar à jeux (de société). Des visites guidées et des circuits de randonnée passent dans les quartiers ouvriers dont l’originalité donne envie de tout photographier.

Les musées rendent hommage à ce passé et on peut donc découvrir l’univers de l’impression textile, l’histoire des trains et même celle de l’électricité. Trois musées municipaux gratuits offrent heureusement une vision plus classique de ce que l’on attend d’un musée. Il y a en effet également un musée des Beaux-Arts, un musée d’histoire et un musée du patrimoine (sur la construction de la ville au fil des siècles).

L’un des avantages d’un passé industriel important est dans l’assiette. La ville a accueilli des travailleurs du monde entier et c’est en se promenant au marché (partiellement couvert) que l’on parcourt à notre tour le monde, grâce à des traiteurs de diverses origines.

Et si vous aimez les artisans et les créateurs locaux, rassurez-vous, ils sont présents au Marché de Noël, dans certaines boutiques éphémères ou non, ainsi qu’au Marché de l’Artichaut (une à deux fois par an). Impossible d’être plus précise en période COVID malheureusement.

bâtiments industriels Mulhouse
L’un des anciens bâtiments DMC, à découvrir grâce au tracé de l’une des randonnées urbaines

Et tout ça, juste à côté de l’Alsace de carte postale

Avec une telle identité, il n’est pas étonnant que Mulhouse soit soigneusement évitée par ceux qui veulent découvrir la belle Alsace.

Par contre si on veut découvrir l’Alsace plurielle, manger en spécialité aussi bien de la choucroute que des carpes frites, boire de la bière et du vin, photographier ici des murs peints et là des volets peints, alors Mulhouse semble être un point de départ vraiment intéressant. Il suffit alors d’aller au nord pour s’arrêter dans un village photogénique (comme Rouffach ou Gueberschwihr), d’aller au sud pour découvrir le Sundgau, d’aller à l’ouest pour randonner dans les Vosges ou finalement de rouler 30 minutes vers l’est pour faire ses courses en Allemagne, comme tous les Alsaciens. Mais pour ça, encore faut-il prévoir suffisamment de temps pour profiter de Mulhouse et du reste !

AuthorTiphanya

Rédactrice, gourmande, curieuse, féministe, maman, lectrice, autrice, … la liste pourrait continuer. Mais pour ce qui nous intéresse ici, Tiphanya voyage quasiment tout le temps avec sa fille, en vérifiant toujours avant le départ l’adresse des meilleurs salons de thé, des musées d’art et des fresques street-art.

2 replies to Mulhouse, l’Alsace au-delà des clichés

  1. J’ai eu la chance de visiter Mulhouse (et d’y croiser Tiphanya 😀). J’ai été emballée par cette ville. J’adhère complètement à tout ce que tu racontes. Il y a vraiment de belles choses à voir. Et les mulhousiens sont très accueillants

    • C’était un plaisir de te rencontrer. Et je crois que tu as justement eu l’occasion de visiter de façon à aller plus loin que les clichés en découvrant entre autre la reconversion de certaines zones industrielles. Comme c’est un peu loin du centre ville, on ne prend pas souvent le temps d’y aller.

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