Dépaysement total dans les Cévennes gardoises

La fin du printemps se fait déjà sentir, la chaleur commence à s’imposer, et nous allons tous bientôt chercher la fraîcheur … Pour ceux qui ont prévu un passage dans le Gard durant la saison estivale, je vous propose de vous mettre au frais dans une bambouseraie.

A l’origine de la bambouseraie, l’histoire d’Eugène Mazel

Cette forêt exotique se situe à Anduze, au pied des Cévennes. Elle est le résultat de la passion d’un homme, Eugène Mazel, pour la botanique et les sciences naturelles.

Eugène Mazel naît en 1928 sur la commune de Générargues, sur le lieu-dit Montsauve très exactement. Orphelin très jeune, il est envoyé, avec son frère aîné, chez un oncle à Marseille. Cet oncle, Monsieur Thérond, est un homme d’affaires bien installé, un des promoteurs de la navigation à vapeur entre Sète et la ville phocéenne. Poussé par ce tuteur, Eugène Mazel devient négociant, faisant du commerce avec des pays d’Asie.

C’est encore très jeune qu’Eugène Mazel perd son frère puis son protecteur, et hérite une petite fortune de ce dernier. Ainsi, rentier, il décide de dédier sa vie et sa bourse à sa passion dévorante : l’horticulture.

C’est sur les terres de ses parents qu’il décide de mettre en œuvre ses projets fous ; et cela commence par l’achat du domaine Prafrance, attenant à la ferme familiale de Montsauve. Pourquoi ce domaine en particulier ? Parce que la terre y est siliceuse, alors qu’elle est bien plus calcaire sur le domaine de Montsauve. Ainsi la terre de Prafrance, combinée au froid venu d’Auvergne et à la chaleur du littoral, rejoint les conditions observées dans les régions mixtes du Japon. C’est donc là, à la moitié du XIXe siècle, qu’Eugène Mazel commence à acclimater diverses plantes exotiques.

bambous dans la bambouseraie d'Anduze

Ses contacts dans le négoce asiatique vont permettre à Eugène Mazel de faire venir directement d’Orient les variétés qui l’intéressent. Et rapidement, le parc va compter des dizaines, puis des centaines d’espèces, arbres et plantes d’ornement, venus de Chine, du Japon, d’Asie centrale, mais aussi d’Amérique du Sud. Dans les années 1870, ce sont près de 30 jardiniers qui travaillent dans le parc de Prafrance-Montsauve. Et, parce que certaines plantes ne supportent pas le climat souvent rude des Cévennes, Eugène, qui voit toujours plus grand pour ses plantes, achète un terrain à Golfe Juan pour les plantes qui ont besoin d’un peu plus de chaleur.

Malheureusement, si la passion d’Eugène Mazel n’a pas de limites, ses finances en ont. En 1882, c’est la dégringolade, et Eugène Mazel est obligé d’hypothéquer l’ensemble de ses biens. Le parc est laissé à l’abandon, et son créateur meurt en 1890, à Marseille, loin de ses bambous.

Au-delà de la création d’un chef-d’œuvre botanique, Eugène Mazel aura conduit de nombreuses analyses permettant d’étudier diverses maladies des plantes, la résistance de certaines espèces à des températures très basses et leur capacité à reforester des régions difficiles.

La renaissance de la bambouseraie

En 1902, le domaine de Prafrance-Montsauve trouve enfin un nouvel acquéreur, Gaston Nègre, décidé à continuer l’œuvre de son prédécesseur. Le parc est alors remis en état. Au milieu du XXe siècle, les héritiers de Gaston Nègre décident de l’ouvrir au public, mais aussi de mettre en place une exploitation « mixte » avec une partie du domaine dédié à l’exploitation agricole afin que le lieu soit rentable.

Malgré les difficultés liées à la conservation d’espèces exotiques, la famille Nègre ne va jamais cesser d’embellir ce parc hors-norme, et encore aujourd’hui c’est Muriel Nègre qui dirige la bambouseraie d’Anduze.

Quand vous pénétrez dans la bambouseraie des Cévennes, vous entrez dans un autre monde, ou plutôt dans plusieurs mondes. Les paysages cévenols ne sont plus qu’un lointain souvenir, ici nous sommes en voyage, nous sommes dans un ailleurs où tout n’est que délicatesse.

Enveloppés dans les bambous, cachés dans le labyrinthe, ou posés à l’ombre des palmiers, les visiteurs se détendent et profitent. Les enfants sont en exploration, les grands s’émerveillent.

Ce ne sont pas moins de 12 hectares de parc, 250 espèces d’arbres et plantes, 5 kilomètres de canaux, un village laotien, une vallée japonaise, un bassin et des serres absolument magnifiques, etc. qui sont à découvrir. De quoi passer une belle journée !

La bambouseraie d’Anduze en pratique

  • Il faut une journée ou une grosse demi-journée pour parcourir la bambouseraie sans courir et sans rien rater.
  • Vous pouvez vous restaurer sur place, dans un petit snack, par contre l’aire de pique-nique est à l’extérieur du parc. Il n’est pas possible de vous installer à l’intérieur du parc pour pique-niquer.
  • Les chiens sont admis en laisse.
  • Les lieux sont facilement accessibles en poussette.
  • Notre conseil : arriver tôt en période estivale, car se garer peut devenir compliqué passé 11h.

Pour aller plus loin :

AuthorMitchka

Mitchka, toulousaine expatriée à la mer, grande organisatrice de voyages désorganisés avec enfants et cannes à pêche, partage ses découvertes ici et là, et dans l'Hérault en particulier.

3 replies to Dépaysement total dans les Cévennes gardoises

  1. Une véritable pépite cette Bambouseraie. Coup de cœur !

  2. Merci pour ces infos. C’est un de mes rêves cette bambouseraie!! Et tes photos relance mon envie d’y aller.

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