Paris sur les traces de Landru

Mécanicien, vendeur, comptable, plombier puis escroc et enfin meurtrier. Comment Henri Désiré Landru homme d’origine modeste, père de famille est devenu le tueur en série le plus célèbre et le plus mystérieux de l’histoire judiciaire française ? Une notoriété qu’il doit à ses crimes inimaginables, à son éloquence et à son procès ultra médiatisé. Si le barbe bleue de Gambais a commis ses crimes et fut exécuté dans les Yvelines, c’est à Paris qu’il a vécu et programmé ses macabres projets.

Après avoir déambulé sur les pas d’Henri IV, puis observé les empreintes laissées par Catherine de Médicis, une balade parisienne sur les traces de Landru ça vous dit ?

Une enfance heureuse pour Landru

Né à Belleville, Landru a passé une enfance heureuse rue du Cloître-Notre-Dame sur l’Île de la cité. Scolarisé rue Bretonvilliers et enfant de cœur à l’église Saint-Louis-en-l’Isle c’est donc sur l’ile saint Louis qu’il a grandi.

Belleville, là où se côtoient toutes les cultures, le quartier d’Eddy Michel qu’il évoque dans son Nashville ou Belleville, mais aussi celui qui a vu naître Edith Piaf. A la limite de Belleville et de Ménilmontant se trouve un précieux petit musée gratuit qui lui est dédié. Un appartement privé où sont exposés les effets personnels de cette grande figure de la chanson française: sa robe noire, des lettres, les gants de boxe de Cerdan. La visite se fait en toute intimité.

L’Île de la Cité anciennement Lutèce, le berceau de Paris. Sa forme particulière de barquette rappelle un certain petit biscuit. Lieu touristique par excellence elle abrite des monuments prestigieux tel que Notre Dame de Paris, l’Hôtel Dieu, la Conciergerie. Une agréable flânerie bucolique vous attend au marché aux fleurs et aux oiseaux. L’Île de la Cité c’est aussi le fameux 36 quai des Orfèvres. Ce numéro rendu populaire par les enquêtes du commissaire Maigret abrite la Criminelle, les stups et la B.R.I. Tout ce beau monde travaillait à proximité d’un marché de volailles. C’est de ce marché que provient le surnom affectueux de Poulet. En amont de l’Île de la Cité se trouve sa petite sœur L’île Saint-Louis. Anciennement l’île Notre-Dame, elle doit son nom en hommage à Louis IX, surnommé Saint Louis. Son église Saint-Louis-en-l’Isle une des plus petites paroisse du diocèse de Paris est reconnaissable par son clocher particulier dit «polonais», percé afin d’éviter la prise au vent.

L’Hôtel-Dieu
La Conciergerie

Landru, petit escroc, grand charmeur

Doué pour échapper à la prison et au bagne, et pour éviter les témoins gênants le Barbe-bleue de Gambais passe à la vitesse supérieure.  D’escroqueries, il passe aux meurtres. Son plan est simple, séduire des femmes isolées, leur promettre le mariage et un bel avenir à l’abri des difficultés financières. Le contexte de la grande guerre apportera des proies faciles à Landru. Des jeunes veuves cherchant à se caser afin d’améliorer leur situation précaire.

Il va se faire passer pour ce veuf respectable, galant, à la situation confortable et surtout en quête de compagnie. Son piège ? Ses petites annonces matrimoniales. Une fois le rendez-vous pris, il charme ces dames, les invite dans sa villa après leur avoir fait signer une procuration lui permettant de rafler leurs maigres économies. Pour accomplir ses macabres besognes, Landru loue simultanément 2 villas, 7 appartements et 2 garages. Il aura eu au total 90 pseudonymes. Il donne rendez-vous à sa première victime Jeanne Cuchet, lingère et veuve en février 1914 au jardin du Luxembourg.

Le Luco est le jardin des romantiques, des enfants, des écrivains, des littéraires, de guignol, des célèbres joueurs d’échecs. Nous le devons à Marie de Médicis, veuve d’Henri IV. Il abrite le Sénat anciennement le palais du Luxembourg, l’orangerie et ses superbes agrumes, dattiers, et autres lauriers roses. Ses jardins à l’anglaise marquent son identité autant que ses célèbres chaises, ses statues, son bassin et sa fontaine. La fontaine Médicis cette « grotte » nichée entre les platanes offre ce petit havre de paix propice à la flânerie, à la lecture. Le rendez-vous idéal pour les amoureux.

Après avoir obtenu procuration, il assassine ces femmes, et fait disparaitre les corps dans sa cuisinière. Ses voisins évoquaient cette odeur nauséabonde provenant de sa villa. En 1918 le maire de Gambais s’interroge sur la disparition de deux femmes dans sa commune. L’inspecteur Jules Belin sera chargé de l’enquête qui piétine jusqu’au jour où un témoin oculaire, la sœur d’une des victimes reconnait Landru sortant de la Samaritaine rue de Rivoli.

La Samaritaine, ce grand magasin parisien fermé depuis 2005 doit son nom à une pompe à eau commandée par Henri IV et située sur le pont Neuf tout proche. Il fut créé par un couple de commerçants Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ (les Cognacq-Jay) dans l’annexe d’un petit café.

Jardin du Luxembourg

L’affaire Landru

Arrêté ce 12 avril 1919 jour de son 50ème anniversaire à son domicile de la rue de Rochechouart dans le 9ème, une perquisition à son autre domicile rue de Chateaudun apportera des éléments essentiels à l’enquête.

Ironie du sort, par délibérations du conseil de Paris,  la rue Rochechouart devient en 2019 la rue Marguerite-de-Rochechouart . Ce changement de nom intervient dans le cadre de la mise en avant des voies parisiennes portant un nom de femme. Quant à la rue de Chateaudun également dans le 9ème arrondissement, si vous l’empruntez, pensez à visiter la belle Notre-Dame-de-Lorette et ses majestueuses colonnes corinthiennes.

Notre-Dame-de-Lorette

Le procès de Landru qui s’est déroulé à Versailles est un véritable show, l’accusé excelle dans l’art de la répartie et se donne volontiers en spectacle provocant l’hilarité du public avide de sensation. Le tout Paris se déplace pour y assister: Colette, Mistinguett, mais aussi Rudyard Kipling, H.G. Wells.

Des pièces à conviction sont exposée au musée de la Préfecture de police, comme ses carnets de comptes méticuleusement tenus et une pince à cheveux ayant appartenu à l’une de ses victimes. Ce musée gratuit et très instructif raconte l’histoire passionnante de la police depuis sa création sous l’ancien régime. On y découvre les origines de la carte d’identité, l’affaire de la bande à Bonnot, celle du collier de la reine, le registre d’écrou de Ravaillac et bien d’autres pépites. Installé dans l’hôtel de police du Ve arrondissement, rue de la Montagne Sainte-Geneviève dans le quartier de la Sorbonne. Non loin des arènes de Lutèce.

Le carton ayant servi à stocker les os humains calcinés fut enterré au jardin des plantes au pied d’un saule.

Cet élégant jardin est un site de toute beauté. Il abrite la ménagerie, les grandes serres, la grande galerie de l’évolution, la galerie de minéralogie et de géologie, Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée, ainsi que la galerie de botanique. Ce jardin est un enchantement  pour les familles.

Anecdotes :

  • Landru fut jugé et condamné à la peine de mort alors que faute d’aveux et de cadavres sa culpabilité n’a jamais été prouvée.
  • La fameuse cuisinière où ont fini ses victimes était exposée dans la salle d’audience. Laurent Ruquier passionné de l’affaire Landru en a fait l’acquisition lors d’une vente aux enchères.
  • Sa maison de Gambais devient dans un premier temps un restaurant du nom de « Au grillon du foyer »  et à nouveau mise en vente 450 000€ en 2018 . L’annonce précisait maison de maître de plus de 180m², très belle maison chargée d’histoire, située au milieu d’un parc de 6.000 m² ».

L’histoire de cet homme au regard de petite souris fascine encore aujourd’hui.

AuthorSabrina

Je suis Sabrina, Parisenne de cœur, auteure du blog  «Tu PARIS combien » dans lequel j’aime vous parler de ce que Paris nous offre au quotidien. Son histoire, son avenir, ses adresses. Là où la moindre porte, le moindre détail nous dévoilent des histoires fabuleuses, nous fait découvrir de grands personnages (célèbres ou anonymes). Relevant de l’authentique comme de l’insolite, de l’étrange ou du classique, Paris ne cesse de nous surprendre.  A la fois belle et laide, sage et folle, monumentale et secrète. Ma passion pour cette ville que je découvre chaque jour, je la partage ici avec vous. Comme le dit Ernest, « Paris est une fête ». Alors venez, vous êtes tous invités

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