Bettina Gardelles travaille depuis 6 ans au CMN, le Centre des Monuments Nationaux, et s’occupe plus particulièrement des projets innovants. A ce titre, et pour faciliter de nouvelles expérimentations dans les monuments gérés par le Centre, un Incubateur du patrimoine a été lancé il y a trois ans.
Bettina a bien voulu répondre à nos questions pour nous en dire plus sur sa structure.
Pouvez-vous nous présenter le Centre des Monuments Nationaux et l’incubateur du patrimoine et leurs missions ?
Le Centre des monuments nationaux est un établissement public qui a pour mission de gérer plus de cent monuments dans toute la France.
- Ceux-ci sont très variés : des alignements de Carnac en Bretagne pour le néolithique à la villa Cavrois, œuvre d’art totale de Mallet-Stevens, à côté de Lille.
- Certains sont célèbres dans le monde entier comme l’Arc de Triomphe ou l’abbaye du Mont-Saint-Michel et d’autres sont des joyaux moins connus du grand public comme la chapelle expiatoire en plein cœur de Paris.
- La liste de ces monuments continue de s’agrandir car vont être ouverts au public dans les années à venir deux « nouveaux » monuments : l’hôtel de la Marine, place de la Concorde et la Cité internationale de la langue française au château de à Villers-Cotterêts.
Le CMN peut être considéré comme le premier opérateur touristique et culturel de France avec près de 10 millions de visiteurs annuels.
Lorsque l’Etat confie ces monuments au CMN, il lui donne trois missions :
- conserver et restaurer ;
- ouvrir au plus grand nombre et transmettre la connaissance relative à ces monuments ;
- et enfin, développer l’attractivité économique des territoires dans lesquels ils sont implantés.
Pour répondre à ces missions, le CMN a très tôt misé sur le numérique et l’innovation et il est ainsi devenu une institution pionnière en la matière. Après avoir collaboré avec une vingtaine d’entrepreneurs et porteurs de projets dans plus de trente monuments, il a paru logique de renforcer cet engagement auprès des entrepreneurs innovants du patrimoine et nous avons lancé, en juin 2018, la première promotion de l’Incubateur du patrimoine.
Il s’agit de proposer à 7 ou 8 start-up par an un accès privilégié à nos monuments et à nos équipes afin qu’elles puissent expérimenter leurs projets.
L’expérimentation s’appuie sur un soutien financier et un accompagnement axé sur nos domaines de compétences, en l’occurrence la gestion du patrimoine et le service public. Depuis sa création, nous avons reçu quelque 240 candidatures et accompagné 15 projets dans une vingtaine de monuments. Fort de ce succès, la SNCF a fait appel à l’incubateur pour sélectionner des projets qui pourront mettre en valeur le patrimoine très varié de la SNCF : gares, ouvrages d’art, archives et patrimoine roulant par exemple.
Quelle est l’initiative la plus originale que vous ayez mis en place ?
Nous avons organisé il y a quatre ans un museomix, autrement dit un hackaton créatif au palais du Tau, à Reims. Pendant 3 jours, une centaine de visiteurs, développeurs, makers et curieux étaient rassemblés pour réfléchir ensemble au monument de demain.
Au-delà de la richesse des idées proposées, l’événement en soi était une belle fête rassemblant des univers différents et a montré l’attachement des Rémois à ce monument.
Chez #EnFranceAussi on a coutume de dire que la France est le plus beau pays du monde, vous êtes d’accord avec ça ? Qu’est-ce qui fait la richesse de la France selon vous ?
Comment être en désaccord quand on côtoie la richesse du patrimoine français au quotidien !
La richesse de la France, selon moi, c’est sa diversité : tant pour son patrimoine bâti, que ses particularités culturelles (arts culinaires ou littéraires par exemple) qui savent se renouveler en piochant dans d’autres cultures.
Un projet en particulier dont vous souhaitez nous parler ?
Mariage réussi entre patrimoine et innovation, l’Histopad à la Conciergerie, à Paris, est une tablette qui permet de voir en réalité augmentée les différents états de ce monument qui a été tour à tour palais royal à l’époque médiévale, prison et tribunal à la Révolution. Ce dispositif permet de mieux comprendre le monument de manière ludique de surcroît car il contient une chasse au trésor.
Une visite (ou plusieurs) à nous conseiller pour cet été ?
Le château d’Oiron, dans les Deux-Sèvres, est une véritable curiosité. Ce château Renaissance abrite une collection d’art contemporain d’artistes de renommée internationale qui ont créé des œuvres spécialement pour ce lieu tels que Sol LeWitt, Christian Boltanski ou encore Raoul Marek. Le tout dans un village de 900 habitants.
Si vous êtes Francilien, ne manquez pas de découvrir ou redécouvrir le château de Vincennes, donjon médiéval aux portes de Paris, souvent ignoré des parisiens alors qu’il a tenu un rôle capital à diverses périodes de notre histoire.
Nous remercions chaleureusement Bettina pour ses réponses à notre interview !
Sylvie, voyageuse compulsive, a crée son blog Le coin des voyageurs après un tour du monde en famille puis le rendez-vous mensuel #EnFranceAussi pour (re)découvrir son pays. Aime autant les courtes escapades que les longs voyages où on peut prendre son temps. Est inspectrice des travaux finis du webzine^^(boss, quoi…).
Excellente interview ! Merci pour ce partage d’informations autour du CMN. C’est rigolo, je vais mettre le château d’Oiron en avant dans mon prochain article. bonne journée, Sandrine