Visiter une ville en suivant les pas d’un grand personnage ou aux travers d’hommages qui lui sont rendus apporte ce petit quelque chose d’assez savoureux qui rend la visite différente. L’histoire s’ouvre à nous à l’occasion de découvertes tour à tour originales ou insolites et toujours enrichissantes. Après Catherine de Médicis, Henri IV et Landru, allons flâner dans les rues de Paris sur les traces de Jean-Baptiste Pigalle.
A travers les 9ème et 18ème arrondissements, dans le Marais, à l’Hôtel de Ville de Paris, aux Halles, à Notre Dame, dans le quartier d’Odéon.
Alors que ce nom évoque le quartier le plus chaud de la capitale. Pigalle c’est avant tout Jean-Baptiste, ce grand sculpteur français du XVIIIe siècle issu d’une famille d’ébénistes. Après avoir échoué au prix de Rome, il part se perfectionner en Italie. De retour en France, le succès de son « Mercure attachant sa talonnière » visible au Louvre lui ouvre les portes de l’Académie royale des Beaux-Arts. Très en vogue dans le milieu de la noblesse l’artiste du mouvement baroque et néo-classique bénéficie de la tutelle de Madame de Pompadour. Il est l’ami de Voltaire et Diderot et sculpte pour le roi.
Une rue, une place, un quartier
“La France est prospère grâce à Lourdes et Pigalle.” – Pierre Perret, chanteur français.
Commençons par l’emblématique et mondialement connue place Pigalle. De cette place débouche entre autre la rue Jean-Baptiste Pigalle. Anciennement nommée rue Pigalle. Le prénom du sculpteur a été ajouté dans le but de dissocier l’artiste de l’image « négative » du quartier. De la rue à la place, PIGALLE c’est tout un quartier.
Autrefois le repère de la pègre et de tous les vices, il est aujourd’hui le quartier touristique par excellence. Un quartier où les familles viennent s’installer et où le prix de l’immobilier flambe.
Au pied de la butte Montmartre, cabarets célèbres et sexshops légendaires attirent le visiteur animé par cette lueur d’espoir de retrouver l’atmosphère et ces ambiances tumultueuses qui ont fait la grande époque du quartier. A Pigalle, le touriste vient s’encanailler gentiment et sans risque.
L’emblème du quartier est sans aucun doute le Moulin Rouge. Mais Pigalle c’est avant tout un quartier populaire qui tente de résister aux changements, à cette modernité parfois néfaste.
Parmi ses institutions encore vivantes aujourd’hui nous trouvons les cabarets Madame Arthur et le Divan du Monde où ont débuté Gainsbourg et Coccinelle, chez Michou, la Cigale, les Trois Baudets…
D’un côté de la place on se dirige vers Barbès, ou Montmartre au nord dans le 18ème arrondissement. Le 9ème quant à lui au sud propose des rues plus calmes en apparence. Des rues où subsistent des façades qui témoignent de ce passé révolu où la vie nocturne battait son plein à la lueur des néons aguicheurs.
Quand le Pigalle festif et coquin laisse la place au Pigalle bucolique, paisible et insolite.
Sur le boulevard de Clichy, à deux pas du Moulin Rouge se trouve la cité du Midi. Verdure, chat paresseux, belles demeures font de cette impasse nommée en hommage à ses premiers occupants, des gens venus du sud de la France un petit havre de paix.
Dirigeons nous à présent vers la rue Pigalle. (Devenue Jean-Baptiste Pigalle depuis 1993).
Au n°69 dans la cour d’un immeuble moderne se trouve le dernier abreuvoir à chevaux dont la tête d’origine visible de la rue est installée derrière une vitre qui la protège des intempéries. Quant à l’abreuvoir resté dans son écrin de verdure, il faut habiter l’immeuble pour le voir ou croiser un propriétaire qui vous ouvre la porte. Ici se trouvait donc une des dernière postes à chevaux.
Toujours dans cette même rue une charmante petite impasse du nom de « square La Bruyère » abrite un appartement qui fut fermé pendant 70 ans. Il appartenait à la comédienne Marthe de Florian. Fuyant le Paris occupé, sa petite fille et héritière a quitté les lieux. 70 ans plus tard, des huissiers ouvrent la porte. Tout était resté figé : meubles, lettres d’époque et un tableau de Marthe de Florian peint par Giovanni Boldini vendu plus de 2 millions € aux enchères de Drouot.
L’avenue Frochot qui prend fin place Pigalle est une voie privée, très privée et très belle. Si vous chercher la campagne en plein Pigalle, c’est ici. Mais le gardien veille, l’accès y est impossible.
Une œuvre monumental
Si une grande partie des œuvres de Pigalle sont visibles aux musées, essentiellement au Louvre, les églises abritent également des pépites. Comme Saint-Eustache dans le quartier des Halles où se dressait à l’origine la modeste chapelle Sainte-Agnès. La Vierge à l’Enfant de Pigalle nichée dans la chapelle de la Vierge côtoie le tombeau de Colbert et les reliques de Saint-Eustache.
Aujourd’hui avec ses allures de cathédrale cette église des Halles traverse les époques. Des pavillons Baltard à la Canopée, le quartier des Halles modernisé reste le centre névralgique de Paris où gravitent la place des Innocents, le centre Pompidou, la rue Montorgueil et la Bourse du commerce.
Autres œuvres, autre église. Saint-Sulpice dans le 6ème arrondissement où se trouve une autre vierge à l’Enfant. En marbre, elle écrase le serpent tout en nous adressant son plus doux sourire. Elle remplace Notre Dame-de-la-Vieille-Vaisselle qui était en argent massif. Mais avant d’arriver à la splendide chapelle de style baroque de notre Vierge, il est impossible de louper les immenses bénitiers. De véritables tridacnes géants (cadeau offert par la République de Venise à François 1er) sur leurs socles de marbre signé Pigalle. Vous êtes à Saint-Germain-des-Prés dans le quartier de l’Odéon où le shopping chic règne en maitre. A deux pas se trouve le jardin du Luxembourg.
Notre Dame de Paris abrite quant à elle, Mausolée d’Henri d’Harcourt.
Pigalle à l’hôtel de ville
Il est possible de visiter la mairie de Paris lors de visites guidées ou lors des Journée Européennes du Patrimoine. L’occasion de découvrir ses salles somptueuses comme la salle des fêtes, réalisée telle une réplique de la galerie des glaces de Versailles. Les statues qui ornent les différentes façades de l’hôtel de ville rendent hommage aux personnages marquants de la capitale. Il n’est donc pas surprenant d’y voir celle de Jean-Baptiste Pigalle.
Depuis l’Hôtel de Ville différentes opportunité de balades s’offrent à nous. D’un côté le Marais et ses bâtiments historiques de l’autre la Seine et ses quais où il fait bon flâner.
Montmartre pour l’éternité
Mort en 1785, Pigalle fut inhumé au cimetière du Calvaire. Revenons ainsi sur nos pas, Place Pigalle. Grimpons jusqu’à la butte Montmartre ou se trouve ce cimetière qui avec ses 85 tombes est le plus petit de Paris.
Fermé au public, il ouvre ses portes chaque 1er novembre. Il est avec le cimetière de Charonne le seul attenant à une église. Ne cherchez pas la tombe de Pigalle, elle a disparu. Un mystère que l’on doit peut-être aux pillages et carnages post Révolution. Laissez vos pas vous mener sur la butte, rechercher l’âme des petits Poulbots, se faire faire le portrait place du Tertre, lorgner la basilique sous toutes ses coutures, faire la bise à Dali, s’attabler au Moulin de la Galette, monter à bord du petit train touristique, voir Paris d’en haut.. prendre simplement plaisir à jouer les touristes.
Anecdotes insolites
-Le Trafalgar ancien bar à prostituées, théâtre d’une fusillade est aujourd’hui une crèche.
– Le n°1 de la paisible avenue Frochot est hanté. Les propriétaires meurent sur place ou quittent les lieux en catastrophe comme l’a fait Sylvie Vartan alors propriétaire de la maison dans les années 70.
– Notre Dame-de-la-Vieille-Vaisselle, nom donné en référence aux couverts d’argent volés par le curé.
– Le tridacne est un mollusque pouvant atteindre 250 kg.
– Un des cratères de Mercure fut baptisé Pigalle en 1976.
Je suis Sabrina, Parisenne de cœur, auteure du blog «Tu PARIS combien » dans lequel j’aime vous parler de ce que Paris nous offre au quotidien. Son histoire, son avenir, ses adresses. Là où la moindre porte, le moindre détail nous dévoilent des histoires fabuleuses, nous fait découvrir de grands personnages (célèbres ou anonymes). Relevant de l’authentique comme de l’insolite, de l’étrange ou du classique, Paris ne cesse de nous surprendre. A la fois belle et laide, sage et folle, monumentale et secrète.
Ma passion pour cette ville que je découvre chaque jour, je la partage ici avec vous.
Comme le dit Ernest, « Paris est une fête ». Alors venez, vous êtes tous invités
Paris, ma ville! Tu nous rappelle ma douce amie Sabrina la magnifique histoire qui entoure la beauté de Paris et de ses alentours magiques.
Merciii
Merci ma doudou pour ton gentil commentaire plein d’amour.
une belle idée d’itinéraire de découvertes!
Merci beaucoup. A faire ensemble, un jour.